Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Entre le pouce et l'index
1 novembre 2016

Jack, le nouveau veilleur (nouvelle)

Petite nouvelle sur le thème d'Halloween


Jack, 10 ans, adossé à la voiture de son père, regardait la scène de loin. De l’autre côté de la rue, une petite fille d’à peu près son âge pleurait et sa mère, quant à elle, criait sur un pauvre sans-abri habillé de haillons. Les vitrines des commerces avoisinants étaient ornées de citrouilles, toiles d’araignée et autres balais de sorcière à l’effigie d’Halloween, décor qui conférait à ce spectacle un caractère irréel. Il se reconcentra sur l’épisode qui se déroulait devant ses yeux. A priori, d’après ce qu’il avait suivi, le vieil homme avait percuté la petite fille qui l’accusait à présent de lui avoir volé le portefeuille que sa mère lui avait confié plus tôt. Les badauds observaient la scène sans aucune gêne, décuplant celle du malheureux. D’autant plus que la mère faisait tout pour se faire remarquer. Cette aptitude venait certainement d’une frustration suite à une carrière ratée dans le cinéma, pensa-t-il. Peut-être était-ce aussi une qualité indispensable pour être la femme du maire. Jack sourit en imaginant l’entretien d’embauche…

« Qu’est-ce qui te fait sourire ? T’es vraiment un drôle de gamin pour sourire devant un truc pareil… Monte ! » Lui hurla son père qui revenait du magasin.

Il se mit à réfléchir à toute vitesse. Pas de chance pour Emilie, qui était en fait une camarade de classe, Jack avait observé toute la scène depuis le début et avait remarqué que le dit portefeuille était en sa possession en entrant chez l’antiquaire et ne l’était plus en ressortant. Une seule conclusion s’imposait : elle l’avait perdu dans cette boutique. Quand la dispute éclata, il avait déjà la solution mais il réfléchissait encore à la manière de s’y prendre. Le souhait de Jack était d’être le plus discret possible et donc de ne pas se faire remarquer. Malheureusement, il savait que quel que soit le chemin qu’il prenait, il s’en prendrait une en rentrant, ainsi, il ne lui restait plus qu’une possibilité. D’un pas décidé, il traversa la route ramassant des klaxons et des « sale gamin » au passage, dont ceux de son géniteur, et alla droit vers l’antiquaire. Passant la porte du magasin, le propriétaire, alerté par les cloches de celle-ci le gratifia d’une voix mielleuse, sans lever la tête de son livre de compte, d’un « Bonjour, que puis-je pour vous ? ». Jack l’ignora et fit le tour des lieux. Il découvrit l’objet de la discorde dans un coin sombre et l’apporta à l’antiquaire qui suspicieux de l’attitude du jeune garçon, s’était levé et le suivait de loin.

« Mr Allen, je crois que Mme Griffith a perdu ceci, elle pourrait en avoir besoin. » lui dit Jack, d’un air innocent, en lui tendant le portemonnaie.

Le « Oh oui, mais bien sûr ! » qu’il lui donna l’assura qu’il avait compris le message et il sortit du magasin en courant. Il l’entendit crier en agitant l’objet « Mme Griffith, Mme Griffith !! Vous avez oublié ceci ! ». Sortant du magasin, il la vit le récompenser d’un regard qui aurait pu tuer n’importe qui sur place. Le pauvre homme, qui fier de lui, continuait de sourire, ne compris pas son erreur. Il venait d’humilier publiquement l’épouse du maire. D’un air théâtral, elle se retourna et s’excusa auprès du vieil homme qui au grand étonnement de Jack, semblait s’amuser de la situation, puis remercia l’antiquaire d’une poignée de main, celle des politiciens qui n’en pensaient pas moins... La foule se dissipa. C’était terminé.

Sans qu’il s’y attendre, son père lui attrapa violemment le bras et le fit assoir dans la voiture. Son regard se tourna vers Emilie qui regardait Mr Allen d’un air mauvais. Jack savait depuis longtemps que les êtres mauvais n’étaient pas forcément ceux auxquels on s’attendait. Tout à coup, il sentit un picotement dans le cou et se retourna vivement. Sans aucun doute, quelqu’un l’observait…

Après les corrections que lui infligeait son père, Jack aimait se réfugier sur ce vieux pommier. Haut perché, la sensation que rien ne pouvait l’atteindre le rendait plus fort. Il se sentit ridicule de penser ainsi car, aussi rusé qu’il l’était, il savait que s’était faux. Il maudissait parfois son intelligence, mais il se dit qu’il aurait été moins armé face à... Secouant la tête, il s’interdit d’y penser.

« Face à quoi ? demanda une voix qui survint de nulle part. Jack se retourna en grimaçant, ménageant son dos meurtri. Il aperçut de son perchoir le vieil homme de cet après-midi. Ses dents blanches qui lui souriaient ressortaient dans la nuit noire.

« Que me voulez-vous ? » lui demanda-t-il sèchement. Surpris par la question et le ton du jeune garçon, il répondit simplement « Te remercier pour ce que tu as fait. »

Jack sauta de l’arbre et se rapprocha de l’inconnu. « Trouve quelqu’un d’autre pour tes conneries, peut-être qu’il te les achètera. » lui dit-il sans peur. Pas besoin de sortir de Harvard pour savoir qu’il y avait anguille sous roche, pensa-t-il. Mieux valait déguerpir avant qu’il ne maîtrise plus la situation. Evidemment, son cerveau marchait depuis tout à l’heure à vive allure. Les questions et les réponses se bousculaient dans sa tête. Comment l’avait-il trouvé ? Comment avait-il lu ses pensées ? Que cachait cette rencontre ? Il n’y avait rien de naturel dans tout cela. Il pressa le pas quand tout à coup, un cri de colère surgit de derrière. Il fit volteface et vit le vieil homme tremblant de colère se transformer en une femme plantureuse aux longs cheveux noirs, toujours en colère. Elle était à peine vêtue, seul l’essentiel était recouvert de sous-vêtements en cuir noir. Sa peau laiteuse reflétait la lumière lunaire et ses seins se balançaient au rythme de son agitation. Jack tomba sous la surprise.

« Bravo, mon garçon, pour avoir fait sortir la Banshie de ses gonds. » lui susurra à l’oreille une voix masculine. « Banshie… Je peux l’avoir pour mon diner ? ». Paralysé, il sentit son souffle au creux de son cou. « Vlad, voyons… Retiens toi un peu. Le but n’est pas de l’effrayer mais de le recruter ». « Stephen, répondit Vlad, tu seras toujours un rabat joie… ». Dit-il en claquant sa langue de façon agacée. Jack entendit soudainement les pas lourds d’une quatrième personne. Une ombre sortit de derrière l’arbre, un être, fruit de tous les cauchemars combinés fit son apparition. Malgré sa laideur, il remarqua l’extrême gentillesse dans son regard. Grâce à cela, il réussit à s’apaiser et à se recentrer. Il devait réfléchir à la situation et vite. Ils ne sont pas là pour me faire du mal, ils l’auraient fait depuis longtemps. Ledit Stephen a mentionné plus tôt un recrutement. Qui, moi ? C’est ridicule, quel rapport pouvait-il avoir avec ces êtres? se demanda-t-il. Il remarqua que la femme semblait s’apaiser au fur et à mesure de sa réflexion. Où était-ce à l’utilisation du mot être ? Un monstre pouvait-il être susceptible ? Elle se tendit de nouveau. Rigolant intérieurement, il se releva en se dépoussiérant légèrement.

Cette fois ci, il les voyait clairement. Ses visiteurs étaient au nombre de cinq, contrairement à ce qu’il pensait. La pin-up gothique du nom de Banshie, le vamp’ qui s’appellait Vlad, Franky… Le troisième était un… « fantôme, oui, » confirma-t-elle. Le fantôme fit ce qui sembla une courbette et se présenta « Sir Erik ». Quand Jack arriva au cinquième personnage, son regard perçant l’intrigua mais son odeur de chien mouillé enleva le doute sur sa nature. A cette pensée, Banshie gloussa. « Quoi ? s’impatienta Stephen. C’est bon, il a fini de nous reluquer ? On peut passer aux choses sérieuses ?? ».

Le jeune garçon avait à présent totalement retrouvé son calme et restait à l’écoute, attentif mais tout de même sur ses gardes. Stephen allait commencer les présentations, quand Banshie l’arrêta d’une main.

« C’est inutile. Il sait qui nous sommes. Pas vrai Jack ? ».

« Je le répète encore une fois, que me voulez-vous ? », risqua-t-il

« Tu es notre prochain veilleur, Jack SMITH, héritier direct de Jack O’Lantern et demain est le dernier jour. » s’exclama-t-elle solennellement.

« Halloween, non mais sérieux les mecs ? Et puis, genre… Vous attendez le dernier jour, quoi ? » s’agaça-t-il

Publicité
Publicité
Commentaires
Entre le pouce et l'index
Publicité
Newsletter
Archives
Pages
Publicité