Ayant décidé de reprendre l’écriture après plusieurs mois de flemmingite aigue (expression dont je ne m’attribue ni les droits d’auteur ni le mérite, mais qui m’a été transmise par mon amie Béatrice), je décide donc de m’installer au café d’en face. En écrivant « en face », mes doigts ont naturellement décidé de le transformer en « enfance ». Je souris en y pensant et me le garde pour plus tard. Pour revenir à cette décision, elle rentre dans le cadre de la mise en place d’un rituel d’écriture, mais fait aussi partie du rêve de tout « écrivain » vivant (ou ne vivant pas) à Paris. Je mets des guillemets car, je n’en ai évidemment pas la prétention vu mon niveau actuel. Ce serait de la surqualification. A mon grand dam, ce simple mot me fait penser à, ce que j’appelle, mon « métier de jour ». Désolée, déformation professionnelle… Petite déprime qui ne dure pas longtemps car l’expression « métier de jour » me met toujours du baume au cœur puisqu’elle me donne l’impression de mener une double vie. Excitant, n’est-ce pas ?

La serveuse arrive avec les différents éléments composant mon petit-déjeuner : chocolat chaud, jus d’orange, croissant et 2 tartines au beurre. Voilà donc le lien avec mon enfance ! Prenant habituellement des flocons d’avoine préparés avec du lait d’amande et une cuillère de beurre de cacahouète (oui, je sais, décidément, je ne me refuse rien !), cette composition me rappelle sans aucun doute mon enfance. Attention ! Mon frère et moi avions notre propre goût en matière de marque de chocolat en poudre ! Quand j’étais Nesquick, lui était plutôt Ovomaltine. Allez savoir pourquoi…

Je m’arrête un instant d’écrire et mon esprit se laisse bercer par le brouhaha de la brasserie. Cet endroit de rendez-vous familial dominical se trouve au coin de la rue Tolbiac et de l’avenue d’Italie et surtout, signale le début du marché. Certains pourraient dire qu’il est difficile de se concentrer dans ces conditions, cependant cet exercice n’a pas pour but la concentration, mais le développement de la créativité. Ainsi, cette agitation devient une inspiration car ce lieu permet d’assister à des moments privilégiés. Par exemple, d’où j’étais, j’ai pu voir un couple d’une cinquantaine d’années revenir du marché et s’installer pour commander un café. Quelques minutes plus tard, tandis qu’ils attendaient, j’ai été témoin d’un geste d’affection de l’homme envers sa femme et me suis mis à rêver de ce même geste dans 20 ans. A ma droite, deux amies se retrouvent et se racontent les derniers évènements qui leur sont arrivés. A 2 heures, le stand des herbes aromatiques me sert de fond d’écran à mon œil gauche. Je sais donc d’ores et déjà que, quand je vais fermer mon ordinateur et quitter la brasserie, ce sera le premier arrêt que je vais effectuer.

Je m’autorise un moment réseaux sociaux en prenant une photo de type Instagram de mon petit-déjeuner et la publie sur Facebook (grand classique, je sais). Dans les « likes » apparaît le nom de mon amie américaine. Réalisant qu’il est tôt pour elle, je fais ma mère poule et interroge mon suspect. Elle se trouve en escale à Zurich avant de partir en Inde. Bon alibi. Nous nous mettons à tchatter de choses plus ou moins gaies. Mais, c’est à ça que servent les amis aussi. J’éprouve une réelle affection pour cette américaine pleine de douceur et de détermination. Comme chacun de mes amis, elle est un modèle pour moi.

Dans le restaurant, des clients entrent et demandent à s’installer pour déjeuner. Je me rends compte qu’entre l’écriture et le tchat, il est déjà midi. Avant de me faire gentiment jeter dehors, je décide donc de partir en quête de mes herbes aromatiques.

Rituel du dimanche

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